La croisière est l’un des segments du tourisme dont la croissance est la plus rapide.
25 millions de personnes ont navigué sur les mers du monde en 2017. De nombreuses études ont été publiées sur les impacts environnementaux de ces villes flottantes.
Dans cet article, nous passerons en revue les faits “pas si jolis” de la croisière en mer, et nous verrons s’il est possible de trouver des alternatives plus durables.
Pour l’air frais, il faudra repasser.
Si vous pensiez qu’en faisant une croisière sur une bateau aussi haut qu’un building, vous pourriez respirer l’air de la mer à plein poumon pendant que vous sirotez un cocktail sur le pont, désolé, mais nous allons réduire votre rêve à néant.
Plusieurs associations de protection de l’environnement au Royaume-Uni ou en France ont mesuré la pollution des bateaux de croisière. Et ça donne envie de tousser !
En 2017, l’émission de télévision britannique Channel 4 dispatches a publié une enquête montrant l’impact environnemental des croisières sur l’environnement mais aussi la santé. Au cours de leur enquête en infiltration sur l’un des bateaux de croisière les plus célèbres du Royaume-Uni, ils ont mesuré que la pollution aux particules ultra fines sur le navire était le double de celle de Piccadilly Circus, à Londres.
Le ronron des moteurs
Les piscines, les casinos, les réfrigérateurs, l’air conditionné, les salles de spectacle, les besoins en énergie ne s’arrêtent jamais sur un bateau de croisière, même lorsque les passagers le quittent pour explorer la ville où ils ont fait escale. Le ronron des moteurs, est permanent, la pollution de l’air aussi !
Une étude similaire à celle mentionnée plus-haut, a été menée par France Nature Environnement en 2016 à Marseille. Alors que le plus grand croiseur touristique du monde faisait escale dans le port. Les particules ultrafines mesurées étaient 20 fois plus importantes près du navire. L’association a dénoncé les effets néfastes pour les habitants.
Cette pollution atmosphérique est due en grande partie au type de fioul lourd utilisé dans le transport maritime qui est légalement autorisé à contenir 3 500 fois plus de soufre que celui que nous utilions pour nos véhicules.
En escale dans les ports, les navires sont tenus d’utiliser une version plus légère, mais une fois au milieu de l’océan, le fioul lourd est consommé en priorité (vous aurez compris, qu’il coute moins cher).
Ces études révèlent que le CO2 et les particules fines émises en une journée par ces géants des mers sont équivalentes à celle d’un million de voitures!
Par dessus bord !
L’impact environmental est également en jeu au niveau de l’océan.
Friends of the Earth , a estimé qu’un navire comme Explorer of the Seas, qui peut accueillir un peu plus de 4000 passagers, produit 1,9 millions de litres d’eaux usées et 19 tonnes de déchets solides.
La réglementation maritime permet de rejeter les eaux usées traitées dans la mer si les navires se trouvent à plus de trois milles nautique du rivage. Les eaux grises (celles qui viennent des douches, lavabos, ou du lave vaisselle) peuvent elles-aussi, dans certaines régions, être directement déversées dans la mer. Ces dernières peuvent contenir de l’huile, du savon, des déchets alimentaires. Cette pratique est illégale dans les rivières mais pas dans l’océan.
Au-delà de douze milles, même les eaux usées brutes peuvent être déversées.
La pollution des eaux usées augmente le risque d’un plus grand nombre de “zones mortes” dans l’océan et constitue une menace pour les espèces marines.
(ajoutez à cela un peu de micro plastique, comme nous l’avons dit ici, et vous sentez le drame arriver).
Pas très circulaire
Le dernier point alarmant: la fin de vie des bateaux, un sujet encore un peu tabou, et pas la première chose qui vient à l’esprit quand on pense aux impacts environnementaux.
L’ONG ShipBreaking Platform, dont le but est de prévenir les navires toxiques en fin de vie, affirme que la plupart des navires vendus aujourd’hui pour le démantèlement le sont directement sur les plages de l’Inde, du Pakistan et du Bangladesh. Une source de pollution marine extrême, de conditions de travail dangereuses et d’exploitation de l’homme. C’est vrai tant pour les navires maritimes que pour les navires de croisière.
Faut-il dire non aux croisières?
Pas forcément. La première bonne nouvelle est que les croisiéristes sont conscients qu’il faut évoluer et se tourner vers une approche plus durable. Beaucoup d’opérateurs s’engagent déjà sur différents points.
En ce qui concerne le carburant, par exemple, certaines grandes compagnies, comme Carnival Corporation (Costa) et MSC ou Royal Carribean ont annoncé qu’elles construisent des bateaux (13 sont en cours de construction) qui utiliseront du gaz naturel liquide (GNL). Une alternative beaucoup moins polluante au fioul lourd.
Une autre compagnie de croisière finlandaise Viking Line explore l’énergie éolienne, pour installer un système de voiles à rotor sur un navire alimenté au GNL, contribuant ainsi à réduire les émissions.
De nombreux efforts sont également déployés pour améliorer les pratiques de gestion des déchets, les systèmes de nettoyage des fumées rejetées et la sensibilisation des passagers pour qu’ils soient acteurs de la protection de l’environnement pendant leur séjour.
Friends of the Earth a mentionné que la plupart des navires récents ont installé des systèmes avancés de traitement des eaux usées afin d’éviter la pollution des océans. Ils évaluent les lignes de croisière et les navires selon différents critères environnementaux. Si vous êtes intéressé, voici un des derniers
Les alternatives vertes existent déjà
© Hurtigruten
Le croisiériste Hurtigruten est connu pour ses croisières d’aventure. La compagnie a toujours été impliquée dans la protection de l’environnement.
Depuis 100 ans, ils travaillent en collaboration avec l’Institut Norvégien de Recherche sur l’Eau (NIVA) pour contribuer à la recherche océanographique. Leur navire MS Trollfjord transporte une “Ferrybox” qui recueille automatiquement les données sur les eaux.
Toutes les 15 minutes, la station scientifique de la salle des pompes transmet à NIVA des données environnementales précieuses sur la salinité, la température, les algues, les particules, etc.
Ils lanceront en 2019, les deux premiers paquebots de croisière hybrides, qui utiliseront un système de batterie pour les alimenter.
Ils ont également annoncé fin mai, qu’ils interdiront le plastique à bord de tous leurs navires.
Encore un peu de patience, pour le plus eco-friendly (selon nous)
Voici le projet que nous aimons le plus l’Ecoship by Peace Boat. Non seulement parce qu’il semble être le plus eco-friendly, mais aussi parce que l’ONG Peace Boat travaille depuis plus de 35 ans à la sensibilisation aux enjeux mondiaux et à la promotion de la paix, des droits de l’homme, du respect de l’environnement et du développement durable et tourisme responsable.
© Eco Ship - Peace Boat
EcoShip, en quelques mots
Il aura une capacité de 2000 personnes, ce qui sonne mieux qu’un Las Vegas flottant. Mais ce n’est pas vraiment ça qui le rend différent.
- Ecoship vise à réduire l’énergie de propulsion de 20% grâce à l’utilisation d’un système de propulsion diesel-électrique POD. Il pourra fonctionner avec plusieurs carburants avec une priorité au GNL et au biogaz.
- Le navire promet également une réduction estimée de 50 % de la charge électrique et intégrera un système de récupération et de réutilisation de la chaleur.
- 10 voiles photovoltaïques rétractables contribueront jusqu’à 10 % des besoins globaux de propulsion en fonction des routes et des conditions de vent.
- 10 éoliennes rétractables seront utilisées en escale aux ports, faisant de l’EcoShip un bateau zéro émission.
- Le pont supérieur et les voiles seront recouverts de 6.000 m2 de cellules photovoltaïques produisant une puissance totale de 740 KW, suffisante pour tous les besoins d’éclairage du navire.
- Le navire comprendra des planchers cinétiques pour la production d’énergie et à des fins éducatives.
- Un jardin couvert sera construit et aura des plantes et des murs végétaux alimentés par du compost fabriqué grace aux déchets générés à bord.
- L’énergie qui est normalement perdue sous forme de chaleur ou de froid dans l’air et/ou l’eau, sera stockée et réutilisée.
- Les eaux usées produites à bord seront traitées et réutilisés comme eau technique, eau de jardin ou autre. S’il rejete de l’eau en mer, le navire s’engage à ce qu’elle soit de qualité potable
- Des événements seront organisés pour sensibiliser les voyageurs ou les habitants des villes portuaires au changement climatique, ainsi que pour présenter les nouvelles technologies vertes.
- Le navire prévoit une réduction de 30% de CO2 par rapport à un bateau de croisière de conception récente. Grâce à l’utilisation d’énergie renouvelable, à l’efficacité de la propulsion, à l’efficacité de l’hébergement et à la gestion de la vitesse et des itinéraires.
Alors, prometteur, non ? Vous pouvez en lire plus ici
Il parait donc possible de pouvoir dès aujourd’hui faire des croisière lorsqu’on est sensible à l’environnement. Certaines étant plus éco-friendly que d’autres, le premier conseil, est donc de bien se renseigner avant de partir.
En ce qui nous concerne, et si vous n’aviez pas compris, nous partirions bien avec Hurtigruten (en plus la norvège est dans notre top des destinations 2018), mais nous avons un vrai coup de cœur pour EcoShip. Pas seulement pour tous les aspects environmentaux mais aussi pour l’approche globale de l’ONG qui en est à l’origine.
Espérons que les billets seront abordables, car nous sommes prêt à embarquer pour voir ça grandeur nature.
Et vous, avez-vous déjà trouvé une croisière écofriendly ? Envie d’une croisière avec l’EcoShip ? Dites-le nous dans les commentaires