Autrefois considéré comme révolutionnaire et nous apportant de nouveaux produits qui nous facilitent la vie, le plastique est actuellement au cœur d’un bad buzz. De plus en plus d’endroits dans le monde s’engagent à réduire les produits à usage unique en plastique, l’une des premières sources de pollution des océans.
En voyage ou en promenade, force est de constater que le articles à usage unique en plastique sont rois. Voici un aperçu de ce que les destinations et les professionnels du tourisme mettent en œuvre pour limiter les dégats.
Plastique, pas si hype
La production de plastique synthétique est arrivée en masse dans les maisons après la Seconde Guerre mondiale. Produits plus pratiques, nouveaux produits, baisse des coûts de production, une vraie révolution dans les modes de consommation de l’époque.
En 50 ans, l’utilisation du plastique a doublé et devrait doubler à nouveau au cours des 20 prochaines années. Les articles à usage unique représentent 44 % de la consommation mondiale de plastique, provenant principalement de l’industrie de l’emballage. Et seule une petite partie est recyclée. Selon l’étude de Science Advance publiée en 2017, seuls 9 % du plastique que nous avons produit depuis 1950 et que nous avons jeté a été recyclé, 60 % a été mis en décharge ou directement dans la nature.
Continent de plastique
Pas une semaine ne passe sans un gros titre sur le nouveau continent de plastique, d’une superficie équivalente à 3 fois la France, ou sur les espèces marines dévastées par les résidus de nos déchets. Comme nous l’avons mentionné ici, vous savez maintenant que, selon la fondation Ellen Mac Arthur foundation il pourrait y avoir plus de plastique (en poids) dans l’océan que de poissons si nous ne changeons pas nos habitudes.
Les articles à usage unique dans le viseur
La bataille a commencé avec l’interdiction des sacs en plastique léger. Beaucoup d’endroits ont simplement décidé de les interdire ou de les taxer. La prochaine étape concerne les produits en plastique à usage unique.
En Europe, 43 % des déchets marins proviennent d’articles en plastique à usage unique. Ocean Conservancy, qui organise chaque année des nettoyages de plage aux Etats-Unis, a déclaré que les pailles étaient le septième objet le plus trouvé lors de sa dernière campagne. Le nombre de pailles recueillies au cours de leur dernière campagne équivalait à 145 fois la hauteur du New York City One World Trade Center. Aux États-Unis, 500 000 000 000 de pailles sont utilisées chaque jour, soit environ 1,6 paille par jour par habitant.
Destinations sans pailles
La paille est devenue la priorité numéro un pour certaines régions côtières. Certaines destinations ont simplement choisi de les interdire sur leur territoire. Petit tour du monde des initiatives.
Sikinos
L’île de Sikinos est la première en Grèce à interdire les pailles en plastique. Elles seront remplacées par des options réutilisables (inox, verre, bambou) ou biodégradables.
Vanuatu
Le ministère du Tourisme du Vanuatu a officiellement annoncé qu’il était le premier territoire insulaire du Pacifique à interdire les sacs en plastique, les pailles et les boîtes à emporter en polystyrène. L’interdiction entre en vigueur le 1er juillet 2018. L’interdiction devrait aller plus loin et concerner d’autres articles à usage unique comme la vaisselle jetable.
Italie
L’archipel d’Isole Tremiti en Italie a interdit la vaisselle en plastique à partir du 1er mai sur les îles. Et si vous êtes pris en train d’utiliser du plastique pendant votre pique-nique, vous pourriez recevoir une amende allant de 50 à 500 euros. La décision a été imposée après avoir constaté des niveaux très élevés de particules de plastique dans cet archipel au cœur du Parc National Gargano.
Etats-Unis
Alameda, Manhattan Beach, Monmouth Beach, Carmel, Malibu, Seattle, Davis, San Luis Obispo, Miami Beach et Fort Myers, toutes ces villes de la côte américaine ont pris des mesures locales pour interdire ou limiter l’utilisation de pailles en plastique.
Brisbane
Les bouteilles en plastique, pailles et ballons ne sont plus les bienvenus dans les événements organisés par la ville de Brisbane. Belle initiative pour sensibiliser le public à la crise du plastique.
Tout le monde s’y penche
Royaume-Uni
Theresa May a annoncé que l’interdiction des pailles et des coton-tige faisait partie du projet de loi visant à réduire les déchets plastiques. Rien qu’au Royaume-Uni, 8,5 milliards de pailles sont jetées chaque année. Après avoir interdit les microbilles de plastique (en cosmétique essentiellement), le royaume travaille également sur la remise en place des consignes.
Neuchâtel
La ville est la première en Suisse à proposer une loi pour interdire les pailles qui devrait entrer en vigueur en janvier 2019. Vous pouvez en savoir plus à ce sujet dans cet article ici
Union Européenne
La Commission européenne a dévoilé sa stratégie contre le plastique le 28 mai 2018. Les articles à usage unique en plastique sont la priorité absolue de la stratégie proposée. Des coton-tige aux lingettes jetables et aux emballages de chips, chaque produit du quotidien est concerné. Le plan consiste soit à les interdire, soit à demander aux industriels de participer au coût de leur recyclage. Le projet de directive doit maintenant être négocié entre les 28 États membres et le Parlement européen avant qu’il n’entre en vigueur.
Amérique du Nord
Au Canada, Vancouver a voté l’interdiction des pailles en plastique et des contenants alimentaires en polystyrène, elle vise également à taxer les gobelets jetables. Cette mesure entrera en vigueur en juin 2019. Montréal, qui a déjà interdit les sacs plastique, pourrait suivre, ils ont récemment annoncé qu’ils envisageaient d’interdire les bouteilles d’eau en plastique dans les édifices de la ville.
Un membre du conseil municipal de New-York a présenté un projet de loi visant à interdire les pailles en plastique de Big Apple ; d’ici là, il a fortement encouragé les entreprises à cesser de fournir des pailles de manière systématique et de les donner que sur demande. Une interdiction similaire sera proposée à San Francisco.
Les professionnels du tourisme au coeur du mouvement
En tant que voyageurs, nous sommes exposés et consommons régulièrement des articles à usage unique en plastique comme :
- pailles, tasses à café et touillettes dans les bars, restaurants et cafés.
- les coton-tige, les articles de toilette dans les hôtels
- les emballages et contenants alimentaires, les bouteilles en plastique dans les fast-foods
On a constaté de nombreuses initiatives d’hôtels, de bars et de restaurants qui ne servent plus de pailles dans leur cocktails, soit en offrant des alternatives écologiques, soit en ne les fournissant qu’aux personnes qui en ont besoin et les demandent.
C’est vrai dans le monde entier, du Royaume-Uni à Hawaï, en Asie du Sud-Est jusqu’au Moyen-Orient. Certains des grands groupes hôteliers ou de restauration se sont fixés des objectifs dans le cadre de leur stratégie RSE : c’est le cas de Scandic Hotels Group, Marriott, Four Seasons, Hilton, Accor, Jumeirah, pour n’en citer que quelques-uns.
Pour le seul groupe Hilton et ses 650 établissements cela représente 5 millions de pailles par an.
Dans l’aérien aussi
Ceux qui prennent l’avion régulièrement savent que produits à usage unique y règnent en maître. Du décollage à l’atterrissage, il est difficile de trouver quelque chose d’eco-friendly dans un avion. La bonne nouvelle, c’est que les compagnies aériennes ont intégré la réduction des plastiques dans leurs stratégies de développement durable.
Quelques examples:
- La dernière fois, nous avons volé avec Emirates, nous étions heureux de voir que les couverts étaient en inox en classe éco. Assez rare pour être signalé.
- Alaskan Airlines a annoncé en mai 2018 qu’elle utiliserait des solutions alternatives principalement à base de bambou pour les pailles, les agitateurs et les tasses.
- Ryanair, a déclaré qu’ils avaient pour objectif de devenir « plastic-free » d’ici 2023.
- L’aéroport de Londres a annoncé que depuis février 2018, toutes les pailles en plastique ont été retirées de ses points de vente d’aliments et de boissons.
Réduire les articles en plastique à usage unique est devenu une préoccupation mondiale, en particulier dans les zones côtières et les régions touristiques. Tous les professionnels et les industriels devront trouver des alternatives pour renverser la tendance. En tant que voyageurs, des alternatives existent déjà. Nous vous proposerons bientôt un article, sur des produits durables faciles à emmener en voyage pour remplacer les produits jetables.
En ce qui concerne les pailles, la meilleure alternative selon nous est simplement de dire non. C’est une nouvelle habitude à prendre lorsque vous passez votre commande et le seul risque que vous encourez est de croiser des regards curieux si les serveurs n’ont pas encore été sensibilisés au problème (#histoirevecue).
En chiffres: