Emporter avec soi ses essentiels zéro déchet, c’est aussi voyager éco-responsable, mais avouons-le, nous avons tous oublié nos affaires ou décidé de plein gré de compter sur ce qu’on trouverait sur place.
Vous êtes-vous déjà demandé, quel est le destin de la petite savonnette, une fois que vous quittez votre hôtel ?
Le plus souvent, elle finit à la poubelle, mais c’est en train de changer.
Certaines associations ont décidé de lutter contre le gaspillage et de leur offrir une seconde vie. Voyons comment !
Du rêve en bulles
Les produits d’hygiène en hôtellerie, ou produits d’accueil, font partie de ce petit je-ne-sais-quoi que les clients s’attendent à voir lorsqu’ils entrent dans leur salle de bain.
Certains pensent même que plus il y en à, plus l’hébergement est luxueux ; d’autres les collectionnent, pour s’en servir un jour ou peut-être jamais…
Less is more…
Dans la plupart des hébergements éco-responsables, les contenants réutilisables ont rangé les produits d’accueil à usage unique au rang de ringards.
Certains labels l’exigent même pour qu’un hébergement obtienne une certification green.
Des éco-gîtes vont plus loin en ne se fournissant qu’avec des produits cosmétiques clean voire bio.
Nous en avons même repérés certains qui ont ouvert un magasin de vrac.
La savonnette dont on ne veut pas se passer
Avez-vous remarqué qu’il y a souvent, voire toujours, un savon solide à côté du lavabo ?
Cela fait partie des normes, et de nombreux hôteliers hésitent à cesser de les fournir.
Une étude récente a montré que seulement 7 % des hôteliers français avaient renoncé à les mettre dans les salles de bains.
Souvent emballé dans du papier, il nous parait bien inoffensif pour l’environnement.
Alors en cas d’oubli, on choisit souvent de le privilégier par rapport aux petites bouteilles en plastique de la douche.
Si vous ne restez pas longtemps, vous ne le finirez sans doute jamais, à moins de l’emporter avec vous.
Les chiffres pas si propres
Chaque jour, les hôtels jettent 5 millions de savonnettes dans la poubelle, soit près d’un milliard de savons de l’industrie hôtelière qui finissent à la décharge chaque année !
Dommage quand on sait que se laver les mains est la première arme contre les maladies et que certaines populations n’y ont pas accès.
La seconde vie du savon
Certains d’entre vous savent qu’il est possible de recycler le savon, et le font peut-être.
Certaines initiatives donnent une seconde vie aux savons de l’hôtellerie pour aider les populations défavorisées et réduire les déchets.
Clean the World, Etats-Unis
Le fondateur de Clean the World, Shawn Seipler, voyageait beaucoup pour les affaires. Un jour, il s’est demandé où passaient toutes les savonnettes entamées après son départ.
Il a posé la question à plusieurs hôteliers et a reçu systématiquement la même réponse : POUBELLE.
C’est ainsi qu’est né Clean the World. La société basée en Floride s’est associée à 5 000 hôtels aux Etats-Unis et a commencé à étendre ses activités aux Pays-Bas, à Hong Kong et à Londres.
Les hôtels paient des frais pour la collecte de leurs savons inutilisés. L’organisation les recycle et les distribue aux populations dans le besoin dans le monde entier.
Clean the World recycle également les shampooings et autres savons à usage unique, soit en les remplissant à nouveau s’ils sont à peine entamés, soit en recyclant le plastique s’ils sont quasiment vides.
Soap Aid, Australie
Cette organisation australienne à but non-lucratif a été fondée en 2011 par Mike Matulick, PDG d’une société de cosmétiques pour l’hôtellerie, témoin des déchets quotidiens générés par les hôtels avec lesquels il travaillait.
L’organisation s’est associée à un grand nombre d’hôtels en Australie, collecte, nettoie et retraite les savons pour les redistribuer aux populations défavorisées ou sans accès aux produits d’hygiène.
Soap Aid a déjà distribué près d’un million de savonnettes à travers le monde de l’Australie occidentale à la Somalie ou encore aux Philippines.
SoapCycling, Hong Kong
David Bishop, un enseignant américain expatrié à Hong Kong, a lancé une micro-entreprise avec ses étudiants en 2011.
Basés sur les mêmes observations, ils ont lancé SoapCycling avec le même processus que les organisations mentionnées précédemment.
Collecte du savon dans les hôtels, retraitement et distribution aux personnes défavorisées par l’intermédiaire d’ONG sélectionnées.
Depuis la création de Soap Cycling, plus de 2 millions de savons ont été distribués et l’organisation travaille avec plus de 80 hôtels à Hong Kong et une centaine dans les autres pays d’Asie.
Unisoap, France
En 2017, Pauline Grumelle a créé la première association en France qui collecte et recycle les savons d’accueil de l’hôtellerie.
Unisoap s’est déjà associé à de grands groupes hôteliers en France.
Leur mission repose sur quatre piliers essentiels :
- Environnement : réduire les déchets issus de l’hôtellerie
- Social et humanitaire :
- Les savons recyclés sont distribués aux personnes défavorisées en France ou à l’étranger, par l’intermédiaire de leurs ONG partenaires.
- Le personnel employé pour le processus d’Unisoap est exclusivement composé de personnes handicapées travaillant dans un ESAT.
- Éducation : particper aux programmes éducatifs dans les écoles et les hôpitaux.
En moins d’un an, Unisoap a déjà collecté près d’une tonne de savons chez ses partenaires et a récemment terminé avec succès une campagne de crowdfunding pour financer une machine de recyclage du savon.
Toutes ces organisations prouvent qu’il existe des solutions pour réduire les déchets de l’hôtellerie, grâce à des actions sociales et positives.
Alors la prochaine fois que vous utiliserez un savon solide dans un hôtel sans le finir, pourquoi ne pas demander à la réception s’ils travaillent avec une organisation comme celles-là et passer le mot ?