Voyager zéro déchet, facile ou pas ? On vous en parlait ici il y’à quelques semaines. Depuis, nous avons découvert un couple de blogueurs voyageurs, qui ont attisé notre curiosité.
La particularité de leur tour du monde : ils voyagent essentiellement à vélo et sans déchets ! Actuellement au Japon, Minnucia a eu la gentillesse de répondre à nos questions entre deux étapes de leurs aventures.
Bonjour Minuccia, pour commencer peux-tu nous en dire plus sur vous et votre projet ?
Nous sommes Minuccia et Tony, un couple français d’amoureux du vélo et de voyages. Nous avons toujours voyagé à vélo et rêvions de faire le tour du monde. Nous avons eu la chance de pouvoir prendre une année sabbatique. Nous avons sauté sur l’occasion pour enfourcher nos vélos et partir à la découverte du globe.
Une des idées au cœur de notre projet est de prendre notre temps. Nous avons 12 mois devant nous et ne prévoyons pas de rester moins d’un mois dans les pays que nous traversons. Nous sommes restés deux mois en Nouvelle Zélande, et prévoyons de rester autant de temps au Japon, où nous sommes actuellement.
Au départ nous n’avions pas de plan précis, mais des envies bien sûr ; prendre le transsibérien, découvrir la Nouvelle-Zélande, voir les cerisiers en fleurs au pays du soleil levant. Tout ce que l’on sait, c’est qu’on sera de retour en Janvier 2019.
Pourquoi avoir fait le choix de voyager en vélo, en mode “slowtravel” et éco-responsable ?
Ce n’était pas un choix, c’est tout simplement notre façon de vivre et donc de voyager ! Nous ne changeons en rien nos habitudes et notre mode de vie.
Concernant le zéro déchet, c’est une nouvelle lubie dévorante que Minuccia a contracté peu avant notre départ. Nous ne sommes, malheureusement, pas totalement zéro déchet mais nous faisons tout notre possible pour réfléchir nos achats et consommer sans déchets lors de nos achats alimentaires.
Sensible à la nature et sa beauté, voyager à vélo nous permet d’être à son contact. Réduire le plus possible nos déchets, nous semble donc une démarche naturelle pour protéger notre si belle planète.
Cela a t il compliqué la préparation du voyage ?
Pas vraiment, car cette philosophie du zéro déchet m’a fait repenser toutes mes habitudes de consommation. J’ai vidé la maison de tout son plastique et donné le tout à des associations.
Pour notre départ, nous n’avons eu qu’à piocher dans notre matériel de voyage. Que l’on parte un week-end, deux semaines ou un an, finalement nous avons exactement la même chose : 15 kg de bagages chacun.
15Kg de baggages chacun pour un tour du monde - Photo de Minuccia ©
Qu’avez-vous emmené avec vous, pour être zéro déchet ?
Le zéro déchet c’est avant tout utiliser ce que l’on a, penser réutilisation et si on doit acheter, aller voir dans les boutiques de secondes mains.
Comme j’avais déjà repensé la maison en zéro déchet, nos trousses de toilette étaient déjà optimales. J’ai détaillé cela sur le blog (pour le lire, c’est ici). Nous avons opté pour des gourdes en inox pour conserver le chaud ou le froid au lieu de gourde en plastique (même sans BPA).
Pour notre tour du monde, nous avons investi dans une pompe manuelle pour filtrer l’eau et un chargeur solaire pour nos téléphones. Nous utilisons notre popote pour cuisiner des cakes salés et sucrés et nous avons plusieurs sacs en tissu et furoshikis pour conserver nos aliments, que l’on achète le plus possible en vrac
Et sur place, au quotidien, ça se traduit comment ?
Notre quotidien de voyage, c’est faire attention à ce qu’on achète pour se nourrir. Il n’est pas toujours évident de trouver des choses en vrac et le plastique est partout, mais on trouve !
Avec notre réchaud, nous pouvons cuisiner nos petits plats.
Avec nos gourdes pas besoin d’acheter des bouteilles d’eau il nous suffit de les remplir. On trouve toujours des endroits pour cela, au pire nous osons demander aux gens la possibilité d’utiliser leur robinet. Et si vraiment l’eau n’est pas potable, nous pouvons toujours filtrer grâce à notre pompe, l’eau d’une mare mais nous n’avons encore jamais eu à le faire.
Nous campons la plupart du temps. Si nous allons à l’hôtel nous n’utilisons pas les produits à usage unique. Si tout le monde les refuse, les hôtels arrêteront de les proposer et les industriels de les fabriquer.
Pour les restaurants même chose, nous avons notre serviette de table (comme à la cantine quand on était petits), nos baguettes et on ne se sert pas de gobelets, de couverts en plastique, ni de pailles (pas toujours facile de se faire comprendre quand on demande à ne pas en avoir…).
Vue de la tente en Nouvelle-Zélande - Photo par Minuccia ©
Avez-vous vécu des “fails ZD” ? Y a-t-il des choses qui sont contraignantes quand on voyage un an autour du monde ?
Eh oui ça arrive si souvent encore.
Par exemple à Disney Tokyo Sea nous n’avons pas pu prendre nos billets en ligne donc nous avons eu des billets papiers. En Nouvelle-Zélande aussi, il était difficile de prendre à manger sans avoir des papiers 🙁
Au Japon, nous avons du mal à trouver de la nourriture non emballée et quand on en trouve, on nous l’emballe pour nous la vendre. Aller au marché est une bonne solution, mais en itinérance vélo nous n’avons pas toujours cette option.
Et le vélo dans tout ça : facile de faire du vélo partout ? Certains pays ont-ils été plus difficiles de ce côté-là ?
Bien sûr que le vélo c’est facile 🙂 Ok, il y a parfois des moments plus stressants que d’autres.
La Nouvelle-Zélande par exemple, ce n’est pas du tout bike-friendly. Les automobilistes ne font pas du tout attention à nous et c’est dangereux. En Roumanie, les enfants nous ont parfois jeté des cailloux, mais ces comportements sont ponctuels et nous ne voulons pas croire qu’ils sont le reflet d’une constante.
En Asie du Sud-Est, faire du vélo c’était facile même si parfois oppressant avec la densité de la circulation.
Aujourd’hui au Japon, nous exultons de bonheur quand les automobilistes ralentissent longtemps à l’avance et nous doublent en prenant soin de bien s’écarter. Une attention que nous n’avons pas l’habitude de rencontrer en France, où l’on nous frôle régulièrement.
Avez-vous remarqué des endroits où il est plus facile d’être éco friendly que d’autres ?
En Asie du Sud Est, il semble facile d’être éco friendly, on trouve tout en vrac.
Beaucoup moins en Nouvelle Zélande. Nous mettons cela sur l’isolement insulaire et l’importation des produits, mais le vrac à grande échelle serait peut-être une solution aux portions individuelles sous plastique.
Avez-vous découvert des choses qui vous ont étonné, des bonnes idées en matière de respect de l’environnement ?
Les toilettes en Asie sont souvent sans papier, avec un jet d’eau pour se laver. Nous trouvons cette démarche super écolo et bien plus propre que l’utilisation du papier en Europe.
Si la chine est ultra polluée, nous avons pu constater que du tout plastique ils repensent la consommation. Nous avons souvent vu dans les cafés que la boisson coûtait moins chère si l’on apportait son contenant.
En Nouvelle Zélande comme en Islande, la géothermie sert à produire l’électricité de toute une ville par exemple, ce sont des exemples qui nous ont vraiment marqués.
Au contraire, certaines choses vous ont-elles choquées ?
La pollution de certains lieux, comme Oulan-Bator en Mongolie que nous avons parcouru en plein hiver par -40°C et avec beaucoup de neige qui recouvrait les tas de déchets. La pollution de l’air nous a bloqué les bronches en un rien de temps et il était difficile de respirer.
Les sacs plastiques partout et pour tout en Thaïlande par exemple, on les retrouve accrochés dans les arbres et sur les bords des routes c’est désolant.
Nous avons récemment donné dix astuces basiques pour tenter le zéro déchet en vacances. En avez-vous à partager avec nous ?
Pour nous, la base c’est d’avoir son mug et/ou sa gourde en inox. C’est aussi par exemple utiliser une boîte bento en inox que l’on va laver et réutiliser plutôt que prendre la boîte en plastique et la jeter immédiatement après consommation.
Je dis en inox, parce que même certifié sans BPA, le plastique ne rentre pas dans ma conception du zéro déchet. Parfois ma réflexion va très loin : ne plus avoir de portable, ni rien qui puisse nuire à l’environnement. Mais je ne suis pas prête à renoncer à tout et Tony m’aide à déculpabiliser, lorsque je me mets trop la pression.
Il faut toujours privilégier la réutilisation et surtout ne pas consommer pour suivre la « norme » et les influences consuméristes. Il faut tout simplement savoir apprécier ce que l’on a et ne pas vouloir plus.
Le zéro déchet est aussi minimaliste 😉
Après le Japon, Minuccia et Tony iront vers la Corée du Sud, puis c’est la surprise : USA, Amérique Centrale ou Afrique, ils n’ont pas encore déterminé dans quelle destination ils pédaleront. Ils le décideront à la fin de leur étape Asiatique. Pour le découvrir, suivez leurs aventures sur les réseaux sociaux, repris en bas de l’article.
Merci, Minuccia et Tony pour ce témoignage, qui nous montre que voyager responsable et zéro déchet, n’est pas compliqué, un coup de pédale à la fois. Bonne route !
Pour suivre Minuccia, c’est par ici
Lire son blog : https://www.decouvertesdicietdailleurs.fr
Sur les réseaux sociaux : – –
Vous pouvez aussi poser vos questions, dans les commentaires.